Afrique du Sud: le traditionalisme et le masculinisme au secours du pouvoir politique

Joëlle Palmieri

Resumo


La sexualité s’est imposée au coeur du discours des dirigeants politiques sud-africains et en particulier de son ancien président en exercice, Jacob Zuma. Elle se double du recours régulier aux registres du traditionalisme
et du masculinisme, au point qu’on assiste à un masculinisme politique. Dans un contexte d’augmentation constante de la pauvreté, de déploiement de la pandémie du sida, de crise politique et économique, une des cordes sensibles exploitées par les dirigeants actuels est le statut des hommes en tant qu’êtres de sexe masculin, «victimes», «émasculés», «détournés» par des valeurs «occidentales». Les déclarations misogynes, les menaces sexistes, l’affirmation d’une force sexuelle masculine, par appropriation du
corps des femmes interposée, se multiplient. L’élite au pouvoir, bien que tiraillée, entend ainsi rassembler une base, noire, mâle et retrouver une certaine stabilité. Elle opère sur le terrain du sexe et du droit pour les hommes à affirmer leur virilité à tout prix. La banalisation nationale des violences de genre et une schizophrénie entre État de droit et vie quotidienne s’opèrent alors de concert. La cristallisation des identités
ethniques, religieuses, traditionnelles et de genre entraîne ainsi le pouvoir politique sud-africain dans la réplique de la domination masculine héritée de son histoire coloniale. Il n’est pas certain que les dernières évolutions politiques en Afrique du Sud changent sensiblement la situation car il ne s’agit pas simplement du comportement d’un homme, fût-il président de la République.


Mots-clés: Traditionalisme, masculinisme, colonialité, pouvoir politique.


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